Depuis toujours, mon intérêt envers les technologies a porté sur un aspect qui, même s’il peut surprendre, est à mon avis primordial, soit: les émotions qu’elles font vivre. Je pourrais citer plusieurs exemples où j’ai assisté à des moments touchants grâce à la technologie. Que ce soit l’enregistrement d’une chorale ou de contes, la lecture de commentaires de parents sur le blogue de la classe, ou simplement le regard fier d’un élève qui observe la copie de son document imprimé, je me dis que lorsqu’on travaille avec les TIC, on travaille aussi avec le coeur.

Avec Twitter, les occasions de vivre des échanges enrichissants sont multipliées. Voici l’exemple d’une expérience vécue cette année. En y postant la couverture d’un livre apprécié par la classe, j’étais loin de me douter que cela mènerait à une correspondance aussi riche entre mes élèves de 1re année et une conseillère pédagogique qui connaissait bien l’album. Des questions et commentaires furent échangés, les élèves lui demandant même si elle pouvait leur lire une histoire, idée qu’elle a acceptée d’emblée. Il fallait voir le regard surpris et joyeux de mes élèves lorsqu’ils ont pu entendre la voix de notre interlocutrice (Diane Delisle qu’on peut lire ici).

À la fin de chaque année scolaire, j’ai l’habitude de choisir les meilleures photos d’élèves et d’en faire un diaporama. Cette présentation donne toujours lieu à des éclats de rire, des commentaires drôles, mais amène surtout le sentiment d’avoir beaucoup cheminé ensemble, malgré les embûches et les moments de découragement. La force de l’image, comme moyen de faire une rétrospective, est sans aucun doute puissante. Je suis de celles qui prends des photos quotidiennement, pour plein de petits riens. Le simple geste de me placer près d’un élève avec mon appareil fait changer sa posture, autant physiquement qu’émotionnellement. Pendant quelques secondes, celui-ci se sent important, regardé, validé.

La technologie permet de garder des traces longtemps. Parfois, d’anciens élèves me parlent de projets vécus il y a plusieurs années: un cd d’une émission de radio scolaire, des écrits ou des photos retrouvés sur l’ancien blogue de la classe, un journal scolaire ressorti du fond d’une boîte. Je me dis que grâce à la technologie, ces élèves et leurs parents peuvent vivre de beaux moments de retrouvailles avec leur passé scolaire.

Cette année, le traditionnel diaporama de ma classe s’est vécu autrement. Tous les enseignants de mon école ont participé en prenant des photos de leurs élèves sous le thème « mon coup de coeur de l’année ». Quel bonheur ce fut de voir défiler ces 310 enfants photographiés avec leurs enseignants, leurs amis, le personnel de l’école. D’autres tenaient un projet de leur crû, un toutou, un livre, ou bien étaient à l’ordinateur, dans le gymnase ou dans la cour d’école. Quelle ne fut pas ma joie, le lendemain, de voir une élève de 1re année venir à ma porte de classe, armée de son appareil, afin de prendre des photos de ses amies pour faire son diaporama coup de coeur à la maison. Les enseignants aussi ont apprécié. Plusieurs ont gardé l’idée et souhaitent refaire ce projet dans les années futures.

Les TIC, c’est ça aussi. Un moyen formidable de rapprocher les gens et réchauffer les coeurs. Nul besoin d’être un as de la technologie pour faire des projets semblables. Il suffit d’y penser sous un angle différent, de saisir les occasions qui se présentent et d’être entouré d’une belle équipe prête à participer.

Brigitte Léonard