L’heure du bilan Twitter au primaire

Bilan

Après deux mois de vacances et de mures réflexions, j’ai décidé de poursuivre l’aventure Twitter avec ma classe. Lorsque nous sommes dans le feu de l’action, pendant l’année scolaire, il est parfois difficile d’avoir une vue d’ensemble des expériences vécues en classe et surtout, de mettre en perspective l’utilité d’un outil technologique par rapport à un autre.

À mes yeux, la validité d’une application se mesure souvent par le fait que les utilisateurs « oublient », en quelque sorte, qu’ils sont en train d’en faire l’usage. Avec Twitter, j’ai remarqué que mes élèves me disaient souvent « Allons prendre des nouvelles des classes sur Twitter » ou bien « Prenons une photo pour montrer notre projet à nos abonnés ». Ainsi, ils ne me demandaient pas d’aller écrire à l’ordinateur; ce qu’ils voulaient c’est de l’utiliser dans un but précis et motivant.

Twitter a donc remporté la palme haut la main, par rapport à d’autres outils, car la présence de ma classe sur ce réseau social a permis à mes élèves d’écrire et de lire mieux, plus souvent et dans le plaisir, chose qui n’est pas toujours facile à atteindre en classe.

Les débuts

Pour bien démarrer un projet-classe sur Twitter, il importe, je crois, de se questionner afin de bien cerner nos but pédagogiques. Depuis un an, j’ai observé plusieurs utilisations différentes. Certains tweetent quotidiennement en annonçant la météo, les anniversaires ou les salutations. Il y a parfois des productions écrites individuelles autour d’un thème (jeux de langue, poésie, opinions), et aussi des annonces, des photos d’élèves ou de projets, des devinettes lancées aux abonnées. Également on y retrouve des échanges avec des auteurs ou des personnalités publiques. Il nous est arrivé de demander l’avis de nos abonnés sur un sujet, ou de l’aide pour trouver des liens intéressants. Certaines classes invitent les abonnés à visiter leur blogue, ou à visionner des vidéos, écouter des chansons. Et j’en passe…

L’important, c’est d’être à l’aise et de ne pas avoir peur de se lancer. Après avoir bien réglé les préparatifs de notre projet, tout est possible en autant que l’enseignant(e), les élèves et les parents vivent cette nouveauté de façon sécuritaire et efficace. Il n’y a pas de recette pour utiliser Twitter, et c’est au fil des jours et des expériences que l’enseignant(e) saura ajuster sa pratique adéquatement. Bien sûr, c’est l’occasion idéale d’aborder le thème de l’identité numérique et de pratiquer, au jour le jour, une façon responsable et sécuritaire de communiquer. Une charte d’utilisation établie avec les élèves permet d’avoir des discussions primordiales quant à l’utilisation des médias sociaux.

Les abonnés

Cette année, j’ai décidé de protéger le compte de la classe. Ainsi, je me garde le droit d’accepter ou de refuser les utilisateurs qui désirent s’abonner au compte classe. Il est évident que les enseignants présents sur Twitter prennent soin de vérifier leurs abonnés fréquemment pour éliminer les indésirables (entreprises, spam, utilisateurs sans description, etc.). Pour ma part, je n’accepte que des abonnés du milieu de l’éducation, des élèves, des amis personnels qui enrichiront notre fil, et bien sûr les parents. La raison de ce choix est que dans le tourbillon de la vie d’école, je n’ai pas toujours le temps de vérifier les nouveaux abonnés qui abondent certains jours. Avec cette décision, j’accepte que le nombre de nouveaux abonnés soit réduit, que les messages des élèves ne puissent être retweetés que par nos abonnés, et qu’il ne soit pas possible pour un utilisateur de nous répondre, à moins qu’il nous suive.

Évidemment, chacun est maître de son compte et libre de le laisser ouvert ou non, selon les buts pédagogiques fixés au départ. Je tiens aussi à mentionner que pendant ma première année d’utilisation sans restriction pour les abonnés, aucun incident fâcheux ne s’est produit; les abonnés étant tous très sympathiques lors des échanges avec les élèves.

Pendant l’année scolaire 2011-2012, 6/19 (31%) parents de la classe ont ouvert un compte pour nous suivre car au départ, aucun n’utilisait Twitter. Le bonheur que leur enfant et les autres élèves avaient à communiquer avec eux était bien sûr énorme. Ces parents ont su interpeller les élèves et les encourager, toujours dans un esprit positif et motivant.

Cette année je compte mieux informer les parents afin d’augmenter leur présence sur twitter. Plusieurs documents sont disponibles sur le web, dont ce dossier de Carrefour-Éducation qui démystifie bien Twitter.

Des modèles

Lorsque j’ai débuté cette expérience, les écrits de Jean-Roch Masson, instituteur en France, m’ont grandement aidée. La 1re année du primaire étant particulière, ses expériences en classe de CP m’ont permis de répondre à mes interrogations. Pour les enseignants de classes de niveau supérieur, l’expérience d’ Amandine Terrier pourra certainement aider. Elle fut d’ailleurs la première à utiliser Twitter en classe primaire francophone, de l’autre côté de l’Atlantique.

Par ici, les essais se multiplient. La iclasse de Pierre Poulin, ainsi que celle de Corinne Gilbert furent certainement dans les premiers à innover avec Twitter en classe. ( Il existe probablement d’autres enseignants québécois qui ont utilisé Twitter dès les débuts et je souhaiterais bien les connaitre!).

La classe de Pierre Gagnon, enseignant de 5e année de Montréal, fut la première classe du Québec avec laquelle nous avons échangé. D’ailleurs, il nous fait part ici de ses expériences avec sa classe. Julie Beaupré, du Récit local de la commission scolaire des affluents, a prononcé une conférence à l’AQUOPS 2012, portant sur les médias sociaux. Elle fut l’une des premières au Québec à s’intéresser au phénomène, et ses écrits permettront de mieux connaitre les possibilités d’exploitation en classe autant au primaire qu’au secondaire où des utilisations fort intéressantes sont répertoriées.

Conclusion

Twittclasses , tenu par Bertrand Formet, est un site précieux qui recense les classes francophones. Puisque de plus en plus d’enseignants du Québec et du Canada francophone s’intéressent à Twitter, et qu’il est parfois difficile de trouver des classes de même niveau et dans le même fuseau horaire avec qui communiquer, il existe un répertoire qui permettra, je l’espère, de mieux diffuser les comptes à suivre. J’invite les enseignants du primaire et du secondaire à s’y inscrire.

À ce jour, il existe encore des commissions scolaires qui bloquent l’utilisation des réseaux sociaux pour de multiples raisons. Personnellement, je crois qu’en cette époque d’ouverture, de partage et de collaboration, il y aurait lieu de questionner ces choix. Je crois qu’en établissant des règles précises et en prenant soin de bien informer les directions, les enseignants, les élèves et les familles, l’utilisation des réseaux sociaux en classe peut être vécue de façon positive et intéressante. La technologie d’aujourd’hui va bien au-delà des machines. Celles-ci sont devenues des accessoires à quelque chose de bien plus grand: le contact de nos élèves avec le monde entier et ce, au bout de leurs doigts.

Finalement, un aspect non-négligable de Twitter en classe est la motivation qu’elle m’apporte en tant qu’enseignante. C’est un réel plaisir que de lire les messages de gens qui s’intéressent aux écrits des élèves et de voir les étoiles dans leurs yeux exprimant leur fierté d’avoir été lus et appréciés.

Au plaisir de vous croiser sur Twitter!

Compte personnel @BrigitteProf

Compte classe @Classe_Briprof

Brigitte Léonard

Autre billets: Twitter les premières semaines Twitter, les 4 premiers mois

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