Le blogue de classe et d’élèves

Depuis 2005 je tiens un blogue de classe. Je me souviens de ma rencontre avec mon CP Michel Perreault, de sa patience à m’expliquer le fonctionnement d’un blogue sous SPIP et aussi de ma hâte de communiquer le quotidien de ma classe, surtout avec les parents de mes élèves.

À cette époque, Twitter n’existait pas. Le blogue était donc un des seuls moyens d’avoir une présence sur le web. J’y suis allée doucement, tout en m’appropriant cet outil. J’y postais des photos de notre hamster, des histoires écrites par les élèves, des photos des élèves en action lors de différents projets. Et… j’attendais. Car quel était le but de ce travail supplémentaire, disons-le, si personne ne lisait les articles?

Et ils sont arrivés, ces fameux commentaires de parents et d’amis pour encourager les élèves, et moi aussi par le fait même. Quand je repense à ces années, je me dis que les parents de mes élèves étaient bien courageux et innovateurs, à leur façon, car c’était une pratique plutôt rare et internet était moins bien implanté que maintenant dans les foyers.

 

Je me souviens d’un père ayant eu l’idée de se mettre dans la peau de Gaspar, un béluga du Saint-Laurent, pour sensibiliser mes élèves à la pollution du fleuve Saint-Laurent. Quelle joie ce fut pour mes élèves de discuter avec lui et d’aller visiter les sites internet suggérés.

De fil en aiguille, cette culture s’est installée chez les parents. Certaines années sont plus actives que d’autres, mais à chacun de mes bilans, j’en ai toujours ressorti plus d’éléments positifs que négatifs. Il faut voir à quel point les élèves sont fiers de lire les commentaires écrits par les parents et leur désir de leur répondre. Il s’agit bien d’une reconnaissance dont ils ont grandement besoin et par le biais d’un seul commentaire, il arrive souvent que toute la classe s’illumine de sourires et de regards pétillants.

Comment bloguer? De nos jours, je crois bien ne pas me tromper en disant que tous les Conseillers pédagogiques en technologie sont aptes à soutenir les enseignants désireux de se lancer dans cette aventure, tout comme le mien l’a fait quand j’en ai fait la demande. Il existe également des tonnes de tutoriels pour soutenir les débutants en la matière. Quoi bloguer? Des photos d’activités de classe, des fichiers audio d’élèves lisant leur production ou autres, des sondages, des productions communes, des vidéos. Les possibilités sont infinies et représentent une belle façon pour les enseignants, comme les élèves, d’être créatifs et innovateurs. Depuis quelques années,  j’incite les élèves plus forts académiquement à écrire sur le blogue alors que la classe termine les travaux. Cette pratique s’avère très motivante pour la majorité d’entre eux et leur permet d’aller beaucoup plus loin en écriture.

Ces deux dernières années, j’ai tenté l’expérience d’ouvrir un 2e site exclusivement pour les élèves en plus du site de la classe qui s’adresse plus aux parents. La première raison était que je voulais exploiter la publication de l’écriture de façon plus fréquente et aussi pour faciliter le regroupement des écrits de chacun. Il est certain qu’en début de 1re année, les élèves ne sont pas prêts à y écrire, mais dès le retour du congé des Fêtes, je présente ce blogue en leur disant que c’est le leur et que je n’ai aucunement le droit d’écrire. Ils dessinent leur bannière, choisissent leur thème, et ils adorent ça. 😉

Toujours un peu déçue du faible nombre de commentaires, j’ai tenté l’expérience de faire commenter les élèves en classe. Wow! Certains de mes abonnés Twitter ont certainement vu passer ce tweet dans lequel je criais VICTOIRE !!! Car non seulement mes petites abeilles ont adoré commenter les écrits de leurs copains, mais ils ont poursuivi à la maison.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’avais jamais tenté cette expérience. Pourtant il est si simple de commenter sur un blogue. Dans les paramètres, j’ai enlevé l’obligation de laisser un courriel pour commenter, j’ai expliqué la procédure sur le TNI, et en l’espace de quelques minutes, mes 20 élèves s’en donnaient à coeur joie dans l’écriture de leurs réactions. C’était un autre moment de grâce pédagogique!

Je les observais se lever pour aller dire à un ami de lire son commentaire, demander à un copain l’orthographe d’un mot ou sourire, les yeux rivés à l’écran, à lire les réactions publiées sur leur article. Puis, ils ont compris sans que je leur explique qu’ils pouvaient répondre à un commentaire. Alors à nouveau ce fut la ronde dans le labo, la course pour dire à leurs copains qu’ils venaient de répondre à leur commentaire.

Nul besoin de dire qu’à ce moment, j’ai compris tout le pouvoir qu’offrait le blogue de classe en ce qui a trait à l’écriture signifiante, à la communication réelle et à la vie de la classe. Je venais de trouver le chaînon manquant à l’expérience du blogue. Sa permanence, contrairement à Twitter, est un aspect auquel j’accorde beaucoup d’importance. Quand il m’arrive de rencontrer des élèves devenus adolescents et qu’ils me disent avoir relu leurs articles ou me racontent leur souvenir de la fierté qu’ils éprouvaient à avoir leur site internet, je me dis qu’il est important de voir à laisser des traces et que le blogue est l’outil tout indiqué pour le faire.

Je termine en mentionnant ce billet d’Infobourg dans lequel il est question du mot-clic #PartaJeunes sur Twitter, une initiative de François Bourdon permettant d’encourager les lecteurs à lire et commenter les productions des élèves. Je crois que tous les enseignants seront d’accord avec moi pour dire que le fait que les lecteurs prennent la peine de publier un commentaire sur les articles des élèves est toujours très apprécié et que leur participation est essentielle à la démarche du blogue de classe ou d’élèves.

Brigitte Léonard

 

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